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Teressa

What I truly want



- Charlotte, je suis désolée de faire ça par téléphone mais je ne peux plus continuer ça, ce qui se… Ce qu’il y a entre nous. Rompons.

Mon sourire se figea. Quoi ? La voix dans le combiné chuchota, la voix rauque :

- Je ne sais plus quoi faire pour que ça marche. Je suis la seule à faire des efforts. Je n’ai pas la force pour continuer. Je suis désolée, Charlotte.

- Oh, non, ne t’excuses pas !... C’est moi qui suis désolée d’avoir emmené la situation à ça. Je n’arrête pas de décrocher de la réalité. Je t’ai mis dans pas mal de soucis dernièrement, n’est-ce pas ?

Leïla eut un petit rire, mais un hoquet la trahit. Bien sûr qu’elle pleurait. Elle avait fait tant d’effort et malgré tout je n’avais pas réussi à sortir de mon état. Mon cœur se serra. Je n’aimais pas blesser, et encore moins ceux que j’ai chéris à un moment.

- Je suis désolée de t’avoir fait pleurer. J’espère que tu profiteras quand même de ton séjour à Shanghai. Passe une bonne journée.

Je raccrochais sur un nouveau sanglot et soupirais. Elle n’avait pas besoin de dire plus, je savais déjà ce qu’elle pensait : « Même maintenant, tu ne ressens rien, pas vrai ? ». Je me laissais tomber sur le lit avec un nouveau soupir. Ça m’énervait que toute cette situation m’embête plus que m’attriste. J’eus un rire désabusé, je n’étais vraiment pas un bon matériau à girlfriend hein ?

Alors que je laissai échapper un autre soupir mon téléphone carillonna. L’écran se déverrouilla et je lus le message que Leïla m’avait envoyé.

Je ne sais pas ce que tu veux vraiment, mais j’espère que tu vas le trouver. Après tout, tu sais aimer aussi.

Ce que je veux ?

Ce que je voulais vivre ? Comment je rêvais de vivre ? Enième soupir. Je savais déjà ce que je voulais, mais à chaque fois que je me penchai dessus quelque chose me retenait. Si ce n’était pas une petite-amie, c’était le travail. Si ce n’était pas le travail, c’était ma famille. Si ce n’était pas la famille, c’était encore quelque chose d’autre ! Je posai le bras sur mes yeux, fatiguée.

Ce que je veux…

Je veux parcourir le monde, partir avec un simple baguage et mon cœur sur la main. Aller là où me mènent les rires, toucher la joie des gens qui m’entourent, voir l’amour des autres.

Trembler sous la folie d’un couple, pleurer sous les danses d’une inconnue, tomber au sol sous la splendeur d’un coucher de soleil.

Ressentir la Ferveur, la Passion, la Dévotion. M’enfoncer ces sentiments sous la peau, au point où mes mains tremblent, au point où mon cœur s’emballe. Pour ne devenir qu’une masse frémissante de l’amour que ressentent les autres.

Trembler de frénésie, pleurer sans se retenir, tomber des nues.

Ressentir l’Amour, la Folie, l’Ardeur. M’enfoncer ces émotions dans les os, au point où mes jambes me lâchent, au point où mon corps fonde. Pour ne devenir qu’un méli-mélo de bras et de jambes qui danse à s’en briser la nuque.

Trembler, pleurer, tomber.

Ressentir.

Brûler.

Je me redressais vivement et attrapais un sac où je fourrais quelques vêtements. Trouver ce que je voulais ? La peur que quelque chose m’empêche ne fait que me bloquer. Nous sommes faits pour brûler, après tout ! Je chopai ma carte bleu, enfilais un vieux palto. Je mis quelque chose sur mes pieds sans même regarder ce que c’était et dévalai les escaliers en quatrième vitesse, l’adrénaline courant dans mes veines.

Je poussai la porte de l’immeuble et me mis à courir en direction de la gare. Mes mains étaient parcourues de fourmillements d’excitation alors qu’un sourire s’étalait d’une oreille à l’autre sur mon visage. Ce que je veux. Je veux vivre jusqu’à ce que mon cœur explose de saturation !

J’allongeai le pas. Quelle destination je vais choisir ? L’Irlande ? La Turquie ? Ou la Finlande ? Oh, ça y est je sais. Mon sourire se fit encore plus stupide. Je déboulai dans la gare comme une fusée, sifflant comme une asthmatique.

Je veux vivre ! Je veux aimer !

Le souffle haché, je manquais de glisser en m’arrêtant brutalement et me rattrapai de justesse au guichet de la gare. La dame me jeta un regard étrange alors que je lui demandai :

- Le… Le prochain train pour l’Es… l’Espagne, s’il… s’il vous plaît.

C’est dans le train que je remarquais que j’étais en Claquettes-Chaussettes.


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