J’étais fatiguée. Les gens, le monde, moi. J’étais fatiguée de tout. Des soucis, des émotions, de la vie.
Quand je sortis de la demeure dans laquelle je travaillais ce soir-là, la lassitude s’abattit sur mes épaules comme un lourd châle de pluie qui poussait mon corps vers la terre.
Je n’avais pas la force de marcher, ni la force de soupirer, ni même de garder les yeux ouverts. Je voulais juste couler. M’enfoncer dans une obscurité qui ne me lâcherait pas tant que le monde n’aura pas cessé d’exister. Perdre mes sens, oublier la mort, ignorer la vie.
J’avais la tête pesante. Mais à mon premier pas, j’avais à peine commencé à vaciller que des bras me rattrapèrent. L’odeur de l’herbe fraichement coupée, des marguerites et de la pluie m’enveloppa réellement et je relevai la tête pour croiser des pupilles d’ébène, un sourire doux, des sourcils perchés d’inquiétude comme sur des talons aiguilles.
Je laissais sortir la lourde pierre qui clouait mes poumons, le soupir sembla diluer mes muscles tendus. Je pouvais enfin fermer les yeux et oublier l’Univers.
Elle m’avait rattrapée. Elle me donnait sa permission de me laisser aller. Elle m’assurait qu’elle veillerait. Les larmes de soulagement coulèrent toute seules et je me laissais porter.
Je pouvais dormir. Elle était là.
Ma Leïla était là. Ma nuit.
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