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  • Teressa

L’homme et l’ourson


Il était midi et personne n'apparaissait sur la rue d'en face. Le vieil homme assis sur un banc attendait quelqu'un. A la main, il avait un ourson brun, qui semblait avoir vécu presque aussi longtemps que son propriétaire.


L'image du vieil homme à l'ourson était intrigante et les gens dans le restaurant d'en face jetaient des coups d'œil curieux toutes les minutes. Mais le personnage était tellement angoissé qu'il ne prêtait pas attention aux rumeurs qui couraient.

Il serait midi et demi dans quelques minutes. Sa jambe tressautait au fur et à mesure que le temps avançait.


Allait-il apparaître ? Allait-il venir ? Depuis le temps, il avait fondé une famille. Il s'était marié, avait eu des petits enfants. Leur histoire c'était terminé il y a bien des années. Et pourtant...


Et pourtant José, lui, n'avait jamais oublié. Comment oublier les deux mois les plus fantastiques de sa vie ?

Il avait encore en bouche le goût de la barbe à papa qu'ils avaient mangé, il entendait encore souvent les musiques ridicules et entêtantes des manèges et la peluche qu'il tenait dans ses mains lui semblait toujours aussi neuve.


Il ferma les yeux pour se concentrer ses souvenirs, s'en souvenir comme s'il les vivait. C'était les seuls qui ne paraissent pas incertain. Qui n'étaient ni flous, ni gris.


Des pas transpercèrent soudain la bulle qu'il s'était créé et s'arrêtèrent face à lui. Il ouvrit les yeux pour voir deux pieds chaussés d'étranges chaussures rouge, à la pointe aigu ornée d'un pompon vert.

Il n'y avait qu'une seule personne qui pouvoir porter une telle monstruosité en souriant.


José remonta les yeux sur le visage de son rendez-vous, crochetant le sourire étiré de joie puis les yeux brillants de malice.

Tout à coup, ses traits vieux s'illuminèrent d'un sourire éblouissant.


Antonio n'avait pas changé. Cette même agitation enfantine qui l'attendrissait s'agitait toujours dans ses mains et son espièglerie transparaissait toujours dans sa voix.


« On part où cette fois ? », lui dit-il.

« Mais qu'est-ce que j'en sais moi ? », lui répondit José.


Alors avec un clin d'œil exagéré, son premier amour le tira vers la gare ferroviaire pas loin


« Alors on prendra le premier train qui passe ! », décida-t-il avec un rire.


En face, les gens qui regardaient encore voyaient avec confusion non plus deux petits vieux hommes âgés par le temps, mais deux adolescents naïfs riants et se taquinant comme s'ils s'étaient quittés la veille.


Teressa

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