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Teressa

Un aveu au vent


Le vent l’attira vers un paysage sublime, où collines verdoyantes se paraient de rivières aux murmures chatoyants et où la terre accueillait de ses bras maternels un enfant fatigué aux cheveux d’or.

La jeune femme se tenait sur le sommet de l’une de ces bosses mais ne semblait pas voir la magie que lui offrait le lieu. Ses yeux gris suivaient avidement le ruban de vent qui s’enroulait en chantant autour de ses bras et de sa taille, la caressant avec amour et incertitude. Des larmes coulaient sur son visage, sa gorge nouée, ses lèvres asséchées et son visage s’illuminait d’un espoir fou.


- Myrdinn ?...


Comme s’il lui répondait, le vent secoua ses cheveux en riant, doux et chaleureux. Les larmes cascadaient maintenant avec force. Il était là. Au moins un morceau de son âme avait survécu et s’était réfugié dans le vent.


- Myrdinn, Myrdinn…


Elle murmura son nom, encore et encore. La jeune femme sentait le vent prendre consistance, se former sous le bout de ses doigts ; elle voyait le corps qu’elle choyait tant naitre petit à petit entre ses bras ; elle humait de nouveau les odeurs qu’elle avait chéris et perdu ; elle recommençait à ressentir cet amour que lui réchauffait le cœur et la rendait éperdue.

Bientôt elle le vit : droit sur ses jambes, le visage aimant, Myrdinn se tenait en face d’elle à seulement quelques pas de son corps. Corps qui tremblait comme feuille violentée par une bourrasque.

Car si son esprit refusait de l’admettre, son corps savait. Que ce Myrdinn n’était qu’une pâle version de ce qu’il était réellement, un éclat de vent qui disparaitra dès que l’air changera. Qui lui chuchotait les mêmes mots qu’il lui chuchotait, qui promettait les promesses qu’il lui avait faîtes et qui lui souriait comme il lui avait souri. Mais qui ne l’aimait pas comme Myrdinn l’avait aimé, qui n’irradiait pas la chaleur qu’irradiait le mage, qui ne la regardait pas comme il la regardait.

Ainsi la femme refusait d’abandonner cette douce illusion et serra ce mirage contre elle, le cœur apaisé, l’esprit heureux à en faire mal. Elle rit, le visage éclairé par l’amour et les yeux brillants de joie. Il était là. C’était tout ce qui comptait.

Mais quand elle releva la tête pour plonger son regard dans les yeux vairons du mage, un violent spasme secoua ses veines et elle se mit soudainement à cracher du sang. Le visage de la silhouette s’affola, des vents effrayés secouèrent l’illusion et le mirage s’effaça. La femme, qui sentait que les derniers morceaux de conscience se dispersaient plus loin, se redressa avec un dernier sursaut d’énergie et cria au vent ce qu’elle n’avait pas su lui dire de son vivant et qui la dévorait de l’intérieur depuis sa mort :

- Je t’aime !




Teressa

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