Partie 1
Le grand manoir Hawthorne n'a jamais été aussi vivant.
Les lustres scintillent et l'orchestre résonne et rebondit contre les grands miroirs qui cloisonnent la grande salle. Les gens sont venus par dizaines pour entrapercevoir le visage mystérieux de l'héritier Hawthorne, qui comme le demande la tradition, ne s'est pas montré avant ses dix-huit ans: ce jour est arrivé.
La fête a commencé depuis plus d'une heure, les invités dansent en attendant minuit, et le manoir revit enfin.
Ça y est, enfin, minuit sonne ; la Lune éclaire le ciel, les robes cessent de tournoyer et le brouhaha s'est tassé pour laisser place à un bourdonnement discontinu de chuchotements étouffés. Les masques tombent jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une personne travestie.
L'homme monte sur la grande estrade qui surplombe la salle, adressant un rictus joueur au public et lève le bras. Au moment où ses doigts fins et agiles s'apprêtent à toucher le masque de soie écarlate, les lumières s'éteignent soudainement.
Une minute passe, puis deux, pendant lesquelles l'assemblée retient son souffle. Enfin, la vue lui est rendue, et peut-être pas pour le meilleur. Sous leurs yeux ébahis, se dresse le corps imposant de l'homme.
Malheureusement, personne ne connaîtra jamais son identité, car sa tête a disparu...
Les hurlements fusent et se multiplient, les tables se renversent, la foule fuit. On entend au loin les sirènes de police, et une femme crier "il y a du sang sur ma robe!".
Dans le chaos le plus total, un sifflement enjôleur s'élève au-dessus de cette symphonie macabre.
Non, le manoir Hawthorne n'a jamais été aussi vivant.
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